Le Sénégal et sa diversité biologique
1.1 Situation géographique
Le Sénégal est situé à l'extrême ouest du continent africain, entre 12°5 et 16°5 de
latitude Nord et 11°5 et 17°5 de longitude Ouest. Il couvre une superficie de 196.712
Km² ; il est limité au Nord par la Mauritanie, à l'Est par le Mali, au Sud par la Guinée et la
Guinée Bissau et à l'Ouest par l'Océan atlantique sur une façade de 700 km. La
République de Gambie qui occupe tout le cours inférieur du fleuve du même nom,
constitue une enclave de plus de 300 km à l'intérieur du territoire sénégalais.
1.2 Climat et sols
Le climat est de type soudano-sahélien caractérisé par l'alternance d'une saison sèche
allant de novembre à mai et d'une saison des pluies allant de juin à octobre. La
pluviométrie moyenne annuelle suit un gradient décroissant du Sud au Nord du pays.
Elle passe de 1200 mm au Sud à 300 mm au Nord, avec des variations d'une année sur
l'autre. Trois principales zones écogéographiques, correspondant à
trois zones climatiques sont ainsi déterminées : une zone forestière au Sud, une savane
arborée au centre et une zone semi-désertique au Nord.
Au Sénégal, il existe différents types de sols mais, de manière générale, les sols sont
sablonneux et secs au nord du pays, ferrugineux dans les régions centrales et
latéritiques dans la partie sud. Les terres arables au Sénégal représentent 19% de la
superficie du pays.
1.3 Organisation administrativeLe Sénégal est une République laïque et démocratique qui assure l'égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion et qui respecte toutes les croyances. La souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l'exerce par ses représentants ou par la voie du référendum. La forme républicaine de l'Etat prend appui sur le caractère démocratique du système politique marqué par la séparation et l'indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.Sur le plan administratif, le territoire est divisé en 14 régions subdivisées en départements. Les départements au nombre de 45 sont à leur tour découpés en arrondissements, communes et villages. Le village ou le quartier correspond à la cellule administrative de base.Il y a deux modes de gestion du territoire qui se côtoient : un mode déconcentré dans lequel le pouvoir local est exercé par des agents de l'Etat et un mode décentralisé dans lequel le pouvoir local est exercé par des organes élus.
1.4 Situation démographique
La population est de 13 508 715 habitants en 2013 soit une densité de 69 habitants au
Km² avec un taux d'accroissement moyen annuel de 2,7%. En d'autres termes, la
population augmente de plus de 900 personnes par jour. Avec 6 735 421 d'hommes et
6 773 294 de femmes en 2013, ces dernières représentent 50,1% contre 49,9% pour les
hommes. La population rurale compte 7 405 915 et la population urbaine 6 102 800
avec un taux d'urbanisation de 45,2% et un taux d'alphabétisation moyen de 45,4%
1.5 Diversité des écosystèmes
Sur le plan écologique, le pays est subdivisé en six zones éco-géographiques suivantes :
la vallée du fleuve Sénégal, la zone sylvo-pastorale du Ferlo, la zone des Niayes, le bassin
arachidier, la Casamance et la zone du Sénégal oriental. Ces différentes zones
abritent une diversité écosystémique relativement élevée qui peut être perçue à travers
les écosystèmes forestiers, les écosystèmes agroforestiers, les écosystèmes fluviolacustres
et les écosystèmes marins côtiers.
1.6 Les écosystèmes terrestresDu nord au sud du pays, les écosystèmes forestiers sont répartis dans trois domaines climatiques : sahélien, soudanien et guinéen. Ils sont représentés par diverses formations végétales notamment les steppes, les savanes et les forêts.
Les steppes couvrent le tiers nord du pays et sont constituées par un tapis herbacé plus ou moins continu dominé par des espèces telles que : Borreria verticillata, Indigoferaoblongifolia, Chloris prieurii, Schoenofeldia gracilis et d'autres herbacées du genreAristida et Cenchrus. Elles sont parsemées d'espèces ligneuses épineuses comme Acaciaraddiana, A. senegal, A. seyal et Balanites aegyptiaca.Les savanes couvrent le tiers-centre du territoire, avec des variantes allant des savanes arborées à arbustives au Nord aux savanes boisées au Sud.
Les savanes arborées à arbustives sont caractérisées par des espèces ligneuses comme Cordyla pinnata, Ficussycomorus, Diospyros mespiliformis, Dichrostachys cinerea, Acacia macrostachya,Combretum spp, Ziziphus mauritiana, Sclerocarya birrea, Neocarya macrophylla. Lessavanes boisées sont dominées par des espèces telles que Sterculia setigera, Lanneaacida, Sclerocarya birrea, Pterocarpus erinaceus, Parkia biglobosa, Terminalia macropteraet Daniellia oliveri. Dans ces formations végétales, la strate herbacée est marquée pardes espèces des genres Andropogon, Hyparrhenia, Digitaria.
Les forêts se rencontrent généralement dans la partie sud du pays avec des forêts
claires, des forêts denses sèches et des forêts galeries. Les forêts claires localisées en
Haute et Moyenne-Casamance sont caractérisées principalement par des espèces telles
que : Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis, Daniellia oliveri, Ceiba pentandra,
Terminalia macroptera. Les forêts denses sèches essentiellement localisées en Basse
Casamance sous forme de reliques, sont dominées par Erythrophleum guineense,
Detarium senegalense, Malacantha alnifolia, Parinari excelsa, Pentaclethra macrophylla,
Raphia sudanica, Carapa procera.
D'autres types de formations considérées comme étant des formations végétales
particulières existent. Il s'agit notamment :
des forêts galeries situées le long des principaux fleuves et estuaires et sont
caractérisées par des espèces telles que Elaeis guineensis, Erythrophleum
guineense, Khaya senegalensis, Carapa procera, Alchornea cordifolia ;
de la palmeraie constituée principalement de formations à Elaeis guineensis
(près de 50.000ha de palmiers à huile en Casamance) ou à Borassus akeassi
(rônier);
de la bambouseraie localisée surtout dans le Sénégal Oriental, la Haute
Casamance;
des formations halophytes des tannes dominées par une espèce végétale
(Tamarix senegalensis) principalement dans les zones deltaïques et estuariennes
du pays ;
des plantations forestières avec des espèces comme Casuarina equisetifolia,
Anacardium occidentale, Eucalyptus camaldulensis, Tectona grandis, Gmelina
arborea, Acacia senegal.
des parcs agroforestiers qui sont des espaces agraires caractérisés par
l'association des plantes cultivées et d'espèces végétales ligneuses épargnées par
les agriculteurs. Plus d'une dizaine de types de parc agroforestier ont été
identifiés dans le pays. Il y a notamment le parc à Faidherbia albida, le parc à
Acacia tortilis subsp. raddiana, le parc à Acacia senegal, le parc à Adansonia
digitata, le parc à Cordyla pinnata, le parc à Elaeis guineensis, le parc à Borassus
akeassii,le parc à Balanites aegyptiaca et le parc à Vitellaria paradoxa.
1.7 Les écosystèmes fluvio-lacustres
Ils regroupent principalement les fleuves Sénégal, Saloum, Gambie, Casamance et
Kayanga et d notamment les lacs de Guiers, Tanma et Retba (lac Rose). Le fleuve Sénégal
est le deuxième plus grand fleuve de l'Afrique de l'Ouest avec un bassin versant qui
s'étend sur 343.000 Km2. A ces principaux écosystèmes aquatiques continentaux,
s'ajoutent de nombreux lacs, mares disséminés dans le territoire sénégalais.
Dans ce grand ensemble d'écosystèmes, se retrouvent les zones humides artificielles qui
ont été aménagées par l'Etat, les populations et le secteur privé. On y distingue
principalement les réserves d'eau douce, les bassins de pisciculture, les zones
d'épandage des eaux usées (agricoles, industrielles, urbaines), les étangs d'aquaculture,
les zones aménagées pour la culture irriguée, les terres agricoles saisonnièrement
inondées, les zones de stockage des eaux et les excavations, les mares artificielles et les
bassins de rétention. Par exemple, dans la vallée du Fleuve Sénégal, un programme
d'aménagement des rives du fleuve en réponse à un environnement de plus en plus
défavorable a été mis en place avec l'OMVS.
1.8 Les écosystèmes marins et côtiers
Le pays présente une frange littorale d'environ 718 km de long et d'un espace maritime de 198 000 km2. Le plateau continental, limité par l'isobathe des 200 mètres (Domain,1980)1, s'étend sur 28 700 km2. Cela lui confère une diversité d'écosystèmes marins et côtiers assez remarquables constitués, par les côtes sableuses, les côtes rocheuses, les zones deltaïques et estuariennes et par la zone économique exclusive qui s'étend sur environ 200 miles marins.Les côtes sénégalaises sont caractérisées par une grande diversité morphologique. Les écosystèmes côtiers sont constitués par des côtes sableuses (la Grande Côte), des côtes rocheuses (presqu'île du Cap Vert), des zones humides côtières (Niayes), des mangroves,des îles sableuses et des bolon dans les deltas du Saloum et du Sénégal et des vasières au sud de l'embouchure de la Casamance (CSE, 2005)2.La zone côtière sénégalaise est très productive en raison des facteurs hydrodynamiques,climatiques et géomorphologiques favorables. En effet, la présence des phénomènes d'upwelling côtiers, la température et la durée d'insolation adéquates, les apports terrigènes par les cours d'eau (Sénégal, Gambie, Casamance, complexe fluvio-lagunairedu Sine-Saloum), etc. expliquent la forte productivité et la grande diversité biologique des eaux marines sénégalaises.
1.9 Diversité des espèces
Le Sénégal compte environ 7.830 espèces réparties entre les animaux, les végétaux et les
champignons.
Les espèces animales
Environ 4.330 espèces animales sont dénombrées au Sénégal (MEPN, 1998). Ces espèces
regroupent des invertébrés et des vertébrés.
Parmi les invertébrés se retrouvent les insectes, les mollusques et les crustacés avec
une nette prédominance des insectes (46%). Les mollusques, qui représentent environ
16%, sont constitués de près de 40 familles dont une centaine d'espèces de bivalves, de
gastéropodes et de céphalopodes (Thiao, 2009). Les crustacés sont constitués d'une
cinquantaine d'espèces de homards, de langoustes, de crevettes, de crabes et de
stomatopodes. La frange littorale regorge également de groupes d'invertébrés marins
encore très peu inventoriés (éponges, holothuries, oursins, étoiles de mer, copépodes,
coraux, mollusques, divers coelanthérés).
Les vertébrés, groupe le plus connu comparativement aux invertébrés comptent
environ 1400 espèces. Ils regroupent :
• les poissons qui font 799 espèces dont 652 espèces marines et 147 espèces
d'eaux douces. (fishbase, 2012). Les poissons cartilagineux (requins, raies) sont
représentés par 80 espèces réparties en 30 familles ;
• les amphibiens dont seules 20 espèces ont été répertoriées au Sénégal mais
comptent des effectifs relativement élevés ;
• les reptiles qui se retrouvent avec environ 100 espèces parmi lesquelles, il y a
notamment des crocodiles, des serpents, des lézards et des tortues ;
• les oiseaux qui comptent au total 623 espèces dont la volaille faiblement
diversifiée avec 8 espèces et des effectifs relativement élevés. Les oiseaux d'eau
sont représentés majoritairement par les goélands, les sternes, les mouettes, les
cormorans, les gravelots, les aigrettes et les huîtriers-pies ;
• les mammifères qui sont au nombre de 192 espèces, répartis dans 65 genres et
32 familles. Dans ce groupe, il y a notamment les grands mammifères sauvages
terrestres, les mammifères marins et les mammifères domestiques.
Les mammifères terrestres, les plus communs sont neuf espèces de
primates, l'hyène tachetée, le chacal, les genettes et les civettes, les
phacochères, les guibs harnachés, les rongeurs et autres petits carnivores.
Les mammifères marins sont représentés par des baleines (Balaenoptera
physalus et Balaenoptera edeni), des dauphins (Delphinus, Tursiops,
Stenella) et des lamantins (Trichechus senegalensis). D'autres espèces de
mammifères telles que marsouins, cachalot, orque épaulard, globicéphales
et phoques moines sont également signalées.
Les espèces végétales
Environ 3.500 espèces végétales, réparties dans 1.277 genres ont été enregistrées.
Les végétaux inférieurs :
les virus font environ 44 espèces ;
les bactéries comptent 39 genres dont 35 en médecine humaine avec plus de 6.000 souches isolées par l'Institut Pasteur et 4 genres du sol (Rhizobium,Azorhyzobium, Bradyrhizobium, Sionrhizobium) avec 1.800 souches isolées parl'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) identifiées. Dans le genre Rhizobium,cinq espèces nouvelles auraient été découvertes au cours des dernières années ;
les Bryophytes et Ptéridophytes font respectivement 19 et 38 espèces ;
les Lichens sont représentés par 7 espèces appartenant à 7 genres et 6 familles.
les Algues regroupent 125 espèces de Cyanophytes réparties en 30 genres et 4 familles et 648 espèces de micro-algues regroupées dans 166 genres et 26 familles. En ce qui concerne les macro-algues les travaux de Bodian (2000, 2003,2005 et 2010) ont relevé la présence de plus de 260 espèces réparties dans 105 genres et 3 familles : Ulvophyceae (13), Phaeophyceae (19) et Rhodophytes (73).En outre, 49 autres espèces sont signalées dans la bibliographie et une nouvelle espèce, Meristotheca dakarensis a été décrite in extenso par Faye et al ;
Les végétaux supérieurs :
Les végétaux supérieurs sont les plus connus avec 165 familles regroupant environ
1.000 genres et 2.500 espèces dont 70% de Dicotylédones et 30% de Monocotylédones.
Parmi les familles, il y a notamment les Gramineae, les Fabaceae, les Cyperaceae, les
Rubiaceae, les Composeae, les Euphorbiaceae, les Convolvulaceae et les
Scrophulariaceae. Les espèces herbacées constituent plus de 50% de la flore. Les genres
dominants sont les genres Indigofera et Cyperus avec chacune 44 espèces, Ipomoea avec
38 espèces, Crotalaria avec 33 espèces, suivis des genres Ficus avec 30 espèces,
Tephrosia et Hibiscus avec 22 espèces, Euphorbia avec 20 espèces.
2.0 Les champignons
Dans l'état actuel des connaissances, 250 espèces de champignons ont été recensées au
Sénégal. Des travaux récents (Kane, 2014) ont relevé la présence de 67 espèces de
champignons micromycètes et 82 espèces de champignons ectomycorhiziens ou
potentiellement ectomycorhiziens réparties dans 41 genres et 23 familles avec une seule
classe, celle des Homobasidiomycètes. Parmi ces espèces, cinq (5) sont symbiotiques,
deux (2) sont toxiques et treize (13) sont comestibles.
2.1 Diversité génétique
La diversité génétique des espèces animales et végétales représente le niveau le moins
connu mais elle peut en partie être appréhendée à travers l'agriculture et l'élevage avec
les nombreuses variétés de plantes cultivées et de races élevées.
Les espèces végétales
Il existe environ 174 variétés de plantes cultivées réparties ainsi :
- 69 variétés de cultures céréalières distribuées entre le riz, le sorgho, le mil et le
maïs ;
- 30 variétés de légumineuses alimentaires à grains réparties entre l'arachide et le
niébé ;
- 73 variétés de légumes réparties entre l'oignon, la tomate, le piment, l'aubergine
amère, la pomme de terre, la patate douce, le gombo et l'aubergine douce ;
- les variétés portant sur les cultures industrielles comme la canne à sucre et le
coton relativement développées et qui occupent une part non négligeable dans le
patrimoine génétique agricole du pays.
Pour les fruitiers sauvages, une domestication est pratiquée sur Saba senegalensis,
Adansonia digitata et Tamarindus indica. Cependant, un nombre plus important
d'espèces forestières sauvages, génératrices de produits à forte valeur ajoutée, fait
l'objet d'une attention particulière dans le cadre de la médecine traditionnelle, avec le
développement des vergers à graines et des jardins botaniques.
Les espèces animales
Les animaux domestiques sont dominées essentiellement par :
· les bovins avec 10 races dont 3 races locales et 7 introduites ;
· les ovins avec 8 races dont 4 introduites ;
· les caprins avec 5 races dont 3 importées ;
· les équins sont constitués de 8 races dont 4 importées ;
· les porcins sont représentés par 2 races dont une locale et une importée ;
· les camelins et les asins sont chacun représentés par la race locale ;
· la volaille est représentée par les poules, les pintades, les canards, les oies et les dindons dont des races importées. Les autruches avec une sous espèce sauvage (Struthio camelus) et une autre sous espèce importée utilisée dans l'élevage local.